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oeuvres

 

Sans le savoir et sans le vouloir, tout devient plus clair, presque une certitude, mon chemin créatif suit un mouvement elliptique comme celui des saisons, de l’équinoxe au solstice, guidé par cette fabuleuse étoile que l’on oublie à chaque fois, mais c’est ce qui en fait sa force, sa bienfaisance : elle s’appelle providence. Que de pas parcourus entre les premiers et ceux d’aujourd’hui, que de doutes, de joie, à décrire la vie, la nature, ce grand livre. Parsemé parfois de ratures, ni bonnes ni mauvaises, mais celles ou l’on apprend et on grandi, continuant  surtout à regarder ce qui nous entoure, et les œuvres des maîtres passés, leçons silencieuses et magistrales de leurs savoirs, transmises de regards à regards, à travers les ans et les époques, par leurs peintures et sculptures. Comme le disait Roland Barthes, l’écriture est une, le discontinu qui la fonde fait que tout ce que nous écrivons, peignons, traçons, forme un seul texte.  De peindre l’évidence, le froid et le chaud, les saisons et les heures, les couleurs et les lumières, et tout ce qui en découle. Après avoir fabriqué mes couleurs, mes pastels, mes médiums, lorsque j’étais aux Beaux Arts, et profité de ce temps d’études pour traquer et chercher dans les méandres de la création, ayant comme objectif l’Art comme première communication, l’Art et la sacralité, en un mot : l’écriture d’avant l’écriture. Tout d’abord, en se servant du symbole et de la symbolique, l’utilisant sur un tableau, le tableau du savoir, le tableau noir, celui qui a jalonné notre enfance, le détournant, le déconstruisant, afin de la reconstruire et sortir de la grotte de Platon, réapprenant un savoir, mon savoir, comme une nouvelle naissance. Puis, une autre révélation, à Venise, Florence, Bruges, les peintres primitifs : Bellini, Memling, Van Eyck… Leurs fenêtres sur le monde, leurs couleurs si intenses, leur imaginaire, si pur et si beau, avec une technique si magistrale, un travail pictural, couche par couche, malgré la pénombre de la bougie et la laideur entre peste, fumier, misère, famine… Mais peignant le beau, l’éclat d’un dedans et d’un dehors, où la mythologie s’entremêle inlassablement. Enfin, comprenant que le symbole est vivant, que le temple est dehors, je travaille sur le vif, le motif, la lumière, les éléments et les saisons, où les natures mortes ne sont plus des offrandes aux dieux, et les paysages, ces jardins d’Eden, mais deviennent un regard sur la vie : des fruits, des fleurs, des paysages de Loire et de son val, quelques visages parfois, avec un trait beaucoup plus vif afin d’en cerner l’instant. Peindre, c’est aussi la contre-mesure, l’équilibre avec le travail sculptural, me permettant ainsi ces envolées sur ce chemin intérieur et célestiel, celui des migrateurs apatrides. D’aucuns temps, d’aucun âge, voilà à quoi j’œuvre en sculpture, de tout temps, et de tout âge. Sculpture,  « sculptare » : enlever de la matière. Découverte, révélation, un jour de printemps dans cet atelier d’Onofrio Pepe à Firenze. Découverte de ce matériau (argile), de cette technique, autour d’un thème, « l’enlèvement d’Europe », en écoutant le Requiem de Mozart… De nouveau une porte s’entrouvre. Depuis cette rencontre, j’ai œuvré autour d’une naissance, celle de l’après Atlante, point de départ de cette quête, élévation de la matière et de l’esprit. Ces formes surgissent des abysses, des formes végétales, utilisant le mouvement ascensionnel du socle vers le haut, pour tendre vers la lumière. Puis, entre terre et ciel, carrés et cercle, abordant la période romane avec ses bestiaires, sa symbolique autour de la mythologie de l’antiquité et de son humanisme. Le couple peut être originel : une femme, un homme, une Eve, une Lilithe et un Adam. Souvent sans visages, juste une forme, tournée vers le levant, le zénith ou le nadir, où leurs forces se veulent dans leurs mouvements, où la patine joue un rôle important dans le sens, jonglant entre ombre et lumière. Ainsi d’Atlante, la mythologie, l’Art Roman, puis la vie qui m’entoure, ont jalonné ma mémoire et continue à en façonner mon regard et mon travail. Un tout pour un tout, laissant à chacun d’y trouver son étincelle, de ces végétaux, de ce couple et ces enfants, sortis des abysses, de l’obscurité, des entrailles de la terre, à la manière de ce règne végétal ou la lumière permet de croître, d’élever et de révéler la vie. Ainsi ce parcours jusqu’à aujourd’hui, consiste en toute humilité et parfois clairvoyance, à traduire et à transmettre ce que je peux entrevoir et lire dans ce qui m’entoure : équilibre précaire entre esprit et matière. L’argile : un grès chamotté ou les quatre éléments se conjuguent ; terre/air/eau et le feu qui vient rectifier, judicieuse combinaison où tous les sens sont en éveil et permettent d’œuvrer, où matière et esprit se partagent et dialoguent, magie de la transformation où du chaos, naît une forme et où ces techniques ancestrales (étrusques) du tout permet cette transmutation. Un lieu, l’atelier, un port, un temple, une forteresse, tout à la fois, en un mot : l’Athanor, où naissent les migrateurs, ces êtres universels, d’aucune patrie, jetant des bouteilles à la mer, en une toute première et dernière danse. A nous de les ouvrir et d’en lire les messages, d’en cerner un sens, un signe, à chacun de les voir et de les vivre : « écoutes et tu parviendras »...                                                                                                                                                             Gilles DARIDAN                                                                                                                    

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